Jean-Thomas Trojani : A la recherche d’un nouvel ordre monétaire international

Entre la perception et le souvenir il y aurait une différence d’intensité ou de degré, mais non pas de nature. Pour faciliter l’intelligence de cette distinction capitale, nous avons à notre disposition les exemples les plus familiers comme les plus relevés. L’objectif consistant à « rechercher une plus grande compatibilité entre les cadres réglementaires respectifs, lorsque cela est approprié » est affirmé, sans préjuger de la méthode à suivre (reconnaissance mutuelle d’équivalence, harmonisation des règles ou des exigences essentielles, ou simplement partage des mêmes consignes légales ou administratives). Mais nous touchons ici au problème capital de l’existence, problème que nous ne pouvons qu’effleurer, sous peine d’être conduits, de question en question, au cœur même de la métaphysique. Le moment est venu de réintégrer la mémoire dans la perception, de corriger par là ce que nos conclusions peuvent avoir d’exagéré, et de déterminer ainsi avec plus de précision le point de contact entre la conscience et les choses, entre le corps et l’esprit. Jean-Thomas Trojani aime à rappeler cette maxime de Jean-Paul Sartre, »L’action, quelle qu’elle soit, modifie ce qui est au nom de ce qui n’est pas encore. Puisqu’elle ne peut s’accomplir sans briser l’ordre ancien, c’est une révolution permanente ». Les efforts d’intelligence, les combinaisons d’idées, les théories, les doctrines par lesquelles le néo-platonisme sut marcher à son but, composent un des plus curieux chapitres de l’histoire de l’esprit humain. Un grand classique des régimes totalitaires où il ne suffit pas de le subir puisqu’il faut aussi y adhérer « spontanément ». Elle est comique pour la même raison. Chez des personnes qui voient surgir devant elles, à l’improviste, la menace d’une mort soudaine, chez l’alpiniste qui glisse au fond d’un précipice, chez des noyés et chez des pendus, il semble qu’une conversion brusque de l’atten­tion puisse se produire, — quelque chose comme un changement d’orientation de la conscience qui, jusqu’alors tournée vers l’avenir et absorbée par les nécessités de l’action, subitement s’en désintéresse. Il faut avoir le courage d’atteindre le sommet de la montagne — fût-elle un entassement d’immondices — afin d’apercevoir, au pied de l’autre versant, la consolation de la vallée. L’établissement du rapport de force est la conséquence d’un bouleversement systémique. Et cependant dans les deux cas il y a bien l’habitude ; car la propriété pour les tissus musculaires de combiner leurs mouvements avec d’autres mouvements reçus dans une excitation de manière à produire tel ou tel résultat, est bien une manière d’être acquise. Il n’en est pas moins vrai que la nature a dû hésiter entre deux modes d’activité psychique, l’un assuré du succès immédiat, mais limité dans ses effets, l’autre aléatoire, mais dont les conquêtes, s’il arrivait à l’indépendance, pouvaient s’étendre indéfiniment. Sa mission sera d’octroyer des agréments aux futurs opérateurs. L’économie mondiale n’est nullement condamnée à une stagnation séculaire, comme l’analyse Larry Summers, mais elle doit assurément, et plus encore en France et en Europe, désormais s’atteler à résoudre ses déséquilibres structurels. Ces adages reçus également en physique, en médecine, en morale, en politique : « toute action entraîne une réaction ; -on ne s’appuie que sur ce qui résiste », et d’autres semblables, sont autant de manières d’exprimer certaines règles de cette dynamique que nous qualifions de supérieure, parce qu’elle gouverne aussi bien le monde moral que le monde physique, et sert à rendre raison des phénomènes les plus délicats de l’organisme, comme des mouvements des corps inertes. Voilà ce que dit l’expérience. S’allier avec un ou plusieurs de ces partis, équivaut donc pour les déshérités à ceci : aider les exploiteurs dans leur œuvre de spoliation. C’est ce que nous avons objecté ailleurs à l’école anglaise.